samedi 16 mai 2020

Anne Bonny, Mary Read et Rackham le rouge.

Bonjour,
Il y a des années où on a envie de rien foutre, comme disait l'ami Higelin. Ce fut mon cas depuis des années, ou de faire autre chose, élever des enfants, vivre au jour le jour sans plus se soucier des turbulences égocentriques d'un monde en perdition. Ecrire est une drogue aussi j'ai réalisé un vieux rêve, raconter la fantastique épopée d'Anne Bonny, Mary Read et Rackham le Rouge.


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Prologue

Avec Valérie, nous venions de passer le Cap-Horn. L’énervant et féerique cap, celui des vagues folles, des vieilles mines d’or, des fjords gelés d’une montagne éblouissante. C’était la première fois que je franchissais le fameux cap, je réalisais ainsi le pèlerinage sacré du marin, la plus belle et périlleuse aventure à la voile. Le bateau enfin silencieux, nous nous reposions, je retrouvais la terre ferme, ses odeurs, sa douceur. J’errais désœuvré sur les passes-avants d’un vieux rafiot tout rouillé, le Micalvi, échoué dans une rivière de l’île de Navarino. 
Un inexpugnable refuge du peuple des vents, surtout un bar où des nuits entières des marins de tous les horizons se racontent leurs aventures. C’est accoudé au bar, tard dans la nuit et saoul au dernier stade que la vision de Rackham le rouge et de ses deux officiers ont fait irruption dans mon esprit, moi charpentier de marine, marin foutraque et indiscipliné, nomade au bout d’un long voyage.

J’avais toujours alors vu les pirates comme des héros pas très crédibles, des personnages de Walt Disney, surfaits et imaginaires, propres à engraisser les magnats du cinéma nord-américains. C’était compter sans l’épopée des marins du Revenge, que tous les puritains du monde, fussent-ils milliardaires du dessin animé, ne raconterons jamais dans sa grandeur.

Une année ou deux plus tard, alors que nous résidions à Santiago du Chili, Une belle âme acheta et nous offrît, le dictionnaire amoureux de la mer de Jean-François Deniau. Il parlait de l’épopée du trio de pirate. Dans la chronologie qu’il réservait à leurs exploits, il souhaitait qu’un jour un auteur raconte leur histoire, de pirates immoraux, de révolutionnaires avant l’heure. Le désir du vieil homme m’a décidé, j’ai trop longtemps laissé passer les bons conseils de mes ainés. Cet hommage à un homme de lettre, à un marin, se double du plaisir de me dire que le public appréciera peut-être, l’histoire de mes héros préférés, et rendra un hommage tardif et dérisoire à la grandeur d’âme d’une part des ceux qui vont sur la mer.