lundi 8 avril 2013

Les Chroniques Antarctiques du Mataf alias Gilles Rigaud

par Fred Buyle www.nektos.net (Articles), jeudi 28 mars 2013, 17:00

Il en reste peu des homme de la trempe de Gilles Rigaud, le moule a été cassé ou égaré il y a bien longtemps. Avec un peu de chance avec les progrès de la génétique il pourra être bientôt cloné. Mais ce jour là, tremblez les pleutres formatéset autres galinacés d'élevage... Merci Gilles de nous avoir emmené là-bas.  

Voici donc son récit de notre expédition Antarctique. Alea Jecta Est.

Les photos sont D'Alex Voyer, et Laurent Marie, et ou de Fred Buyle, les bons amis qui sont venus avec moi dans ce si beau voyage. Il y avait aussi Franck, un vrai mataf, et Pierre mon copain médecin de l'expédition et résidant comme moi en nord caraïbes; Martinique.





Il en est des voyages comme de beaucoup de choses en ce monde, il faut pour les apprécier prendre un peu de recul et les déguster comme un grand cru, les fesses posées sur un glaçon face à l'immensité des glaces que l'on a été se conquérir au delà des caps et du fameux et farouche passage de Drake. Ce rut des deux océans qui défend les mystères de la péninsule Antarctique.
Et justement le marin que je suis n'avait à ce jour jamais encore navigué ce passage d'une manière si paisible. Un Drake de Mickey ! Oui  madame, de Mickey, comme les mecs qui font de la chasse en largable nous a rajouté le plus profond d'entre nous.

Un Drake si calme qu'on y a mangé à table et prit le soleil en string (véridique on a la photo d'un breton) à des endroits ou j'ai vu des marins partir au pont comme des poilus au front et des équipiers téléphoner dans le grand téléphone blanc leurs tripes et leur désespoir d'être là !
Bref, les apnéistes ont la baraka et pas qu'avec l'océan… aussi les bestioles qui nous gâtent comme jamais. Dés notre arrivée c'est un balai de mégaptère, des couples maman enfants à perte de vue...ou presque. Pour le chef d'expé que je suis juste un rêve, pour les copains, une bienvenue à nulle autre pareille.

Vite vite, plonger ! Personnellement je n'avais encore jamais chialé dans l'eau, ben là, à descendre dans l'eau sombre de l’Antarctique prêt du ventre blanc d'une jolie demoiselle d'une quinzaine de tonnes, à la voir nous suivre d'un oeil joueur et vaguement condescendant, je m'y suis cru, serions nous vraiment bénis des dieux ?

De mon humble point de vue, notre équipe le mérite, voilà déjà un an que j'ai contacté Fred Buyle pour réaliser mon rêve de monter une expédition apnée, voile sur le continent blanc, et que Fred m'a répondu oui après une entrevue d'une petite heure à Paris.

Comme nous avons bien fait ! Comme aujourd'hui je me félicite de l'avoir choisit lui, qui à une parole et qui tous les jours donne conseil et savoir sans arrière pensée. Heureux aussi d'avoir l'ami Laurent, seul présent à bord de la première expédition apnée dans les glaciers de Terre de Feu que j'avais mené sur Morgane et ou nous avions rêvé de glace, de banquise, de folles animaleries.

Chacun d'eux à ramené un binôme, Pour Fred, c’est Alex, un qui l'air de rien en a, et qui ne recule pas devant les léopards de mer, là ou j'ai vu des guerriers autoproclamés partir en courant.
Franck accompagne Laurent, un bosco des Kerguelen qui pose son sac et sa gouaille à bord et qui en plus est un plongeur professionnel, dans ces coins là ça sert.
Moi, j'ai Pierre, docteur de son état qui en plus d'être un bon pote à la compétence pour étaler si d'aventure nous dépassions la mesure et que nous le payons de notre personne .

Bref, rajouter à cela un bateau d'excellente facture et son capitaine de haut vol Jean-Yves et nous avons pour de vrai une force d'action qui dépasse de loin tout ce que j'ai connu depuis plusieurs années. Je suis ravi. La nature aussi, on est en plein dedans et on a tout eut, navigation dans le pack, icebergs psychédéliques, lumières diaphanes sur mer plombée et vaguement menaçante, tout ce que j'aime, une nature puissante à la limite de l'indigeste pour les pauvres dégénérés de l'ouest que nous devenons en occident, une force brute faîte de glace, de roches, d'océan, d'animaux libres qui nous envoie à la face toute la fierté sans concession de ceux qui mourrons plutôt que de finir esclaves.

Il est si réconfortant de penser qu'il reste encore un peu de place ici bas pour être réincarné en autre chose qu'en poulet en batterie ou en veau sous la mère. Hier on a plongé avec la première des léopardes sur notre chemin, une vrai biche aux longues dents dont nous aurons à reparler, mais déjà Alex et Laurent savent des choses que la plupart des humains ne sauront jamais, ils entrevoient l'indicible réalité pas ordinaire de ceux qui ont décidés de voir et non pas seulement de regarder.

Nous sommes  au bon endroit pour cela, le Cap Renard et ses mille mètres de roches ébènes encastrées dans la glace brute nous montre la route de l'eau claire de Port Charcot ou Jean-Yves et moi menons le groupe. Nous y somme venus à la voile, nous allons enfin y plonger en eau claire, avec les léopards, les phoques crabiers et les Weddels à la recherche de l'ultime symbiose pour les plongées en apnée les plus sud du monde : Putain qu'il est bon de réaliser ses rêves ! Et quinze marins sur le tonneau du mort, et yop la boum une bouteille de rhum !!

Alors, d’après Fred, le plus profond d’entre nous, l’image de l’apnéiste auprès du grand public tient en ces quelques mots: un mec qui descend le long d’une corde vers on ne sait où, qui fait dix heures de yoga par jour et qui bouffe des graines.
A cette définition on pourrait ajouter dans notre cas, une bande d’ayatollahs de l’hypoxie chronique et sados-masos au point d’aller s’envoyer dans l’eau à -2°c avec des animaux à la con...

He bien non! cent fois non! Mille fois non! Mort aux clichés, sus aux a priori surannés, l'apnée, n'est pas, n'est plus, ne sera jamais le syndrome du grand bleu, l'apnée comme la voile c'est juste vivre moins con. Que nos copines se rassurent nos valseuses n'ont pas gelés, la peau de nos arpions n'est pas encore collée dans les chaussons de nos combis, et nos dents sont encore fièrement à poste entre des lèvres encore tout à fait sensuelles et nous savons encore à quoi sert une langue.

Et malgré un temps de chien, nous tenons un moral de vainqueur. Notre expédition n'est pas seulement le rêve d'une bande de plongeurs couplée à de vieux gitans de la mer, elle est en train de révolutionner le concept de la plongée en eau très froide dans le monde sauvage. Nous faisons tout plus vite, plus fort, moins cher et avec des résultats simplement incroyables! Et je ne Gasconne pas en écrivant ces mots. Quand je dis sauvage, je ne parle pas de Port Cros ou des Tobago Cays où les poissons, tous bacheliers, sont si imprégnés de l'homme qu'ils en arrivent à différencier les différentes races des tortionnaires qui les cantonnent dans des espaces dont sortir signifie pour eux une mort quasi instantanée.

Non, là je parle du vrai monde, l'autre, vous savez celui en voie de disparition, à qui nous devons tout de le surexploiter sauvagement depuis des décennies sans vouloir le reconnaître. Vous vous rappelez? On le voit encore parfois à la télé ou sa rareté fait les choux gras de quelques producteurs endimanchés dans la bien pensée écologiste. Ben nous on est dedans.
Pour ce mois ci on a choisit notre camp ( parce que il faut pas croire hein, on est aussi lâches que les autres, on y retournera devant la télé et dans les embouteillages!!!!), mais mère nature est bonne fille, nous a repérée et ne c'est pas trompé, elle veut nous montrer qu'on est dans le vrai, et ces jours ci les cadeaux sont pour nous.

D'abord pour nous féliciter de notre démarche d'apnéiste. C'est à dire de venir ici à la voile, sans bouteilles, sans compresseur bruyant et gourmand en essence, sans combinaison sèche, ( toutes ces petites décisions personnelles qui feront que l'humanité survivra ou disparaitra un jour) les mégaptères nous ont offerts un bal de bienvenue qui restera à jamais gravé dans nos esprits. Le bal c'était en surface, des mères, des petits, tous de concert en train de se gaver de Krill. Mais sous l'eau nous attendait l'extase, une jeune adulte à peine sortie des jupes de sa mère en pleine quête indentitaire, nous a gratifié d'une exhibition quasiment érotique. On a dansé avec elle, elle nous a dragué de la caudale, de la dorsale, de la queue et du museau, enroulant d'une sarabande joyeuse nos corps de lilliputiens. Cette bête si grosse nous a donné un cours de grâce, de douceur, et de sensualité dont aucune femme que je connaisse n'est capable. C'était si beau, si grandiose, si émouvant, c'était a chialer et j'ai chialé de joie dans mon masque et Laulau prêt de moi aussi.

Avec les phoques léopards, l'autre pendant de notre présence ici, on est au delà du délire, dans une espèce de réalité non ordinaire qui nous laisse pantois. Voila des années que je me préoccupe de ces bestioles, et que je fantasme sur le fait d'amener de vrais apnéistes au contact de ce fauve magnifique et fort sympathique. Et les faits que j'observe aujourd'hui dépassent toutes mes espérances. La mode, depuis que les bouteilleux viennent ici bardés de flash et engoncés dans leur ridicule combi sèches sur les gros bateaux de croisières, c'est de dire que le léopard est un tueur plus ou moins pathologique, j'imagine que ça fait vendre! ( y a eut un mort faut dire, une pauvre fille qui était trop scotché à ses prélèvements de je ne sais trop quoi, pour voir une grosse dominante monter dans les tours, je l'ai déjà dis regarder ne suffit pas ici, c'est voir qu'il faut).

Faut dire que de temps en temps se taper un de ces gros nazes à bulle qui te bombardent de leur lumières électriques ça doit être tentant pour les mémères, mais elles sont braves les filles léopardes, elles en ont pas encore bouffé un, ou si peu… si les dieux me réincarnent en léopard des mers, moi je vous le dis, ça va leur changer d'ambiance aux gros hamburgers flottant.

Pour nous on serait plutôt dans la grande symbiose…quasi spirituelle. Le fait est qu'entre les récits de Fred Buyle et ses requins de Guadalupe et d'ailleurs, les histoires de mer de Jean-Yves et moi, les anecdotes des Kerguelen de Franck, et les analyses Célinienne de l'humanité de l'ami Pierre, on a de quoi planer à cent mille. Rajouter à cela les paysages d'un autre monde de la péninsule et on est bon pour les neuroleptiques au retour au pays; on saute désormais dans l'eau pour un oui ou un non, on s'extasie, on se fend la gueule, on se tape des cailloux avec le bateau…. en fait nous sommes tous satellisés… au point que hier, Laurent désormais bien habitué à la présence du prédateur a connu l'ivresse suprême de la communion avec l'animal. ça a été véritablement faramineux! Faut dire qu'il est décontracté le Laurent et même sacrément audacieux le merdoullet.
Il a fait son canard, et est parti vers le fond tout tranquille, à mains nues, sans boitier photographique à mettre entre lui et les crocs de la lionne: il a fait tout ce qui est interdit par la littérature auto proclamé de la Sainte Bouteille. De la grande classe! Et la cocotte elle a été charmé! Pas de parade d'intimidation, pas de jeu de bulles furieux pour un nouveau sur le territoire, pas de nage hystérique et menaçante.

Baba le grand machin de 300 kilos, faut dire qu'il a une jolie coulée le bougre, elle l'a suivit tout aussi doucement qu'il est descendu sous cet iceberg échoué et elle l'a couvé du regard comme une mère son juvénile….c 'était incroyable, à un mètre de là Alex immortalisé la scène dans son boitier magique. Lui aussi il était dans la grande symbiose, pas un geste agressif de la grand patronne à son égard, pas un croc sortie, pas un geste d'impatience, elle était là dans une intense communication avec ces deux là, qui comme elle ne respire pas sous l'eau, mais y vivent, y voient et y aiment ou y tuent. Une réunion d'apnéiste de races différentes. Simplement très beau. Il m'a semblé qu'elle comprenait ce que ces deux là lui voulaient et j'ai été bien fier de pouvoir assister à cette scène, qui pour moi marque un renouveau majeur dans la relation mammifères marins, humains.

C 'est ça l'apnée! Et des graines on en bouffe que dans le porridge le matin. Et aujourd'hui pour l'anniversaire du plus profond d'entre nous, on c'est collé du rouge et une énorme gâteau que notre amphitryon Jean-Yves nous a préparé avec amour. Car l'apnée c'est avant toute chose aimer.

D'après le docteur Pierre, la définition d'un mélancolique est un malade mental qui seul et livré à lui même peut se suicider en s'arrachant un oeil avec une petite cuillère….j'adore les histoires du docteur Pierre. Mais ce que j'observe dans les yeux de mes compagnons aujourd'hui, n'en déplaise au bréviaire du parfait petit psychiatre, est une mélancolie bien plus littéraire, une tristesse. Comment partir sans pleurer d’un pays pareil ; le pays magique protégé par un traité magique !
Pas franchement suicidaire la troupe, plutôt vaillant même les garçons. Bon, sur avec Jean-Yves on surveille quand même du coin de l'œil les cuillères du bord, mais bon pour l'instant tout est normal.

Faut dire que ce n'est pas encore le Drake retour qui va nous éveiller le grand instinct de survie du guerrier. On mange à table comme au salon, l'océan est un amour d'harmonie entre un vent doux et une houle délicate, on a eut du soleil et on croise des icebergs lymphatiques que nous abandonnons mélancoliquement, c'est bien le mot, derrière nous. Déjà !

Je crois qu'auprès des gars mes histoires de bastons mémorables ne seront plus jamais que des Gasconnades d'un qui est descendu de ses montagnes Béarnaises pour se faire mousser sur le territoire endémique de la Celte Bretagne… mais ils peuvent se foutre de moi, un jour ils verront ce que c'est qu'un Drake, un vrai, le prix véritable des merveilles du continent blanc.

En attendant sur ces flots qui se réchauffent trop vite, nous rêvons à la belle aventure qui tire à sa fin. Le blanc immaculé de la glace à peine disparu nous manque déjà, la morsure du froid autour du masque aussi, tout est encore si proche, on y était si bien sur cette autre planète, au pays des phoques léopards et des baleines à bosse!

Que choisir dans l'intense foisonnement des folies que nous venons de commettre pour témoigner des beaux jours que nous venons de vivre! Peut-être l'histoire de notre dernière plongée, dans notre dernier mouillage, celui choisit par le patron pour préparer le bateau au retour et attendre le meilleur moment.

C'est une baie ou les baleiniers avant nous, venaient déjà s'abriter pour perpétrer leurs forfaits, et un endroit ou je cherche depuis plusieurs années un cimetière de baleines encore inconnus des tablettes. Un qui ne serait dévoilé à quiconque, et que je pourrais explorer loin des zodiacs des casse couilles des paquebots de croisière, toujours à l'affut de ce que nous faisons, vautours infâmes! Voleurs de mouillages, profiteurs endimanchés! Bref, une der des ders, l'ultime apnée en Antarctique sera dédiée à l'exploration pure: la classe! Mais que neni! Zob! Une fois de plus choux blanc! Rien que du caillou, pas l'ombre d'une dépouille dans les ultimes endroits que je pensais favorable à une nouvelle découverte, et c'est déçu que je regagnais le bord.

Allez hardis les gars ! A ranger ! A faire sécher sous le soleil combis et annexe, on re-transforme le camp de plongeurs manouches itinérants en fier voilier hauturier !
Presque prêt à l'appareillage et on est parti ! Là les bretons, c'est vrai que c'est sentimental finalement un breton, prit par l'émotion se jettent à l'eau en criant leur tristesse.

Emporté par son élan Laulau a sauté avec ses palmes et en perd une. Une palme en carbone ça coûte bonbon et Franck et moi encore équipé, on plonge avec lui pour la retrouver. Au fond de l'eau je tombe sur le gros crâne poli d'une baleine bleue, Franck sur des vertèbres, Laulau en plus de sa palme trouve des cotes, des mâchoires: le cimetière est là sous la quille du voilier!
Quel con! Bien sur que nous avons élu depuis des années l'endroit le plus protégé de la baie pour mouiller nos bateaux, exactement comme les baleiniers l'ont fait avant nous et c'est bien à cet endroit précis qu'ils dépeçaient leurs victimes, le seul endroit ou je n'avais pas encore cherché…..Vive l'apnée et les palmes en carbone!

Tant d'images! Tant de choses à raconter! On va en devenir chiant à forces, faisons-nous tout ça pour nous, ou pour les raconter à des gens qui finalement n'en ont rien à faire? Qui ne changerons rien au monde qui les entoure, ni à leur mode de vie? Ne sommes nous pas finalement que de médiocres nombrilistes? Je ne sais pas et je m'en fous, je vais en Antarctique car tel est mon bon plaisir de marin et d'homme et j'aime y amener ceux qui ont encore un soupçon de hargne et de rêve, qui croient encore en l'aventure et à un monde original ou nous serions moins minables.

Parlerais je de notre émotion avec Fred alors que debout sur le pont, que nous parlions du seigneur de l'océan, et que Laulau, encore lui, était dans l'eau à s'échiner de suivre une maman mégaptère abusive et son baleineau pourtant si curieux, nous vîmes débouler sortie de nulle part, la dorsale noire d'un de ces orques tant espérés. Une dorsale qui fonça directement sur notre plongeur que j'eus juste le temps de prévenir. Une dorsale qui devint un magnifique juvénile plein d'assurance qui vint renifler les palmes du chanceux Breton réfugié prêt de la coque de Liledelle, Breton ébahit d'admiration devant le plus grand guerrier des mers, mais qui n'en menait pas si large.

Un juvénile qui nous a conduit jusqu'à sa famille et ses frères et mères…..un beau, un grand voyage je vous dis!!! Comment pourrais-je raconter ces choses si importantes pour la compréhension de notre expédition, mais que le culte du risque zéro et l'hypocrisie écologistique en cours dans notre monde au sommet de l'imbécilité fondamentale m'interdit même d'évoquer?

Comment imaginer pour nous que personne ne bronche à la vue obscène et terrifiante d'un chalutier industriel dans un port, mais que le risque de prendre un bon coup de queue par une copine de 25 tonnes en train de se fendre la poire avec vous puissent être interpréter comme une inacceptable interférence dans la vie animale?
Interprété par des ayatollahs auto-proclamés qui chaque année agrandissent un peu plus le gouffre qui c'est creusé entre nous et les autres grands mammifères de de ce monde.

Alors qu'il me semble ( et je crois aussi à mes potes) que les animaux aussi ont le droit d'aller au zoo voir de prés les imbéciles qui prolifèrent sans limite sur leur planète. Comment pourront-ils se protéger de nous, de nos satellites, de notre cupidité, s'ils ne nous voient que le jour ou le harpon explosent dans leurs chairs, ou que le filet se referment sur leur destin de viande industrielle?
Comment feront ils pour nous amadouer et nous considérer autrement que comme des bêtes sauvages, si nous les enfermons dans quelques sanctuaires dont comme les indiens ils ne sortiront que les pieds devant?
Aller seul, ou à deux, sans moteur, sans armes, à la nage ou à pied, jouer et baisser la tête devant un grand ou un petit animal marin ou pas est la chose la plus rédemptrice, la plus noble et la plus émouvante qu'un humain puisse faire ici bas, surement la seule qui puisse le changer.

Et quand je parle de rencontre de ce genre je parle d'une rencontre dans le monde sauvage, ou dans ce qui en reste, là ou s'il le désire l'animal puisse être aussi con que nous, et non pas du pont d'un bateau ou derrière une vitre ou une grille. A mon sens c'est l'ultime démarche qui puisse encore sauver notre espèce et lui permettre de partager le monde équitablement avec tous ceux qui en ont besoin dans sa diversité.

Et en retraversant le Drake c'est ça qui nous travaille tous, comment on va faire maintenant qu'on a compris ça, devenir terroristes? se taire? Hypocritement faire comme si tout ça n'avait été qu'un intermède de bourgeois en vacances et reprendre la vie normale et soumisse de l'homme moderne? Ce n'est pas le regret de partir qui nous tire des larmes, ce n'est pas ce beau voyage qui se termine, ni cette belle équipe d'hommes bientôt séparés que nous avons amenés la-bas avec Jean-Yves, c'est le désespoir de se sentir impuissant qui est terrible, nous qui comme tant de nos semblables aimerions tant que les choses s'arrangent ici bas.

Alors on va pas chialer une fois encore, les gars demain c'est le Horn! Après demain la ville, et ensuite c'est là que la bataille doit avoir lieu, on peut pas avoir plongé là où nous venons de montrer ce qu'être apnéiste veut dire et se dégonfler, on a un peu signé avec l'Antarctique qui nous a tout offert, on est le dernier rempart. Il me semble qu'on nous l'a bien fait comprendre, alors va falloir se trouver des soldats, parce que ça va chauffer!!  Et qu'il va falloir montrer si on en a ou pas!  Alors Adichats et à la prochaine

le Mataf!

2 commentaires:

  1. Quel rafraichissement que lire votre récit!
    Vous avez vécu, vu, partagé des moments et des expériences si fortes...
    Qu'allez vous en faire une fois rentré au bercail du bal des cons certifiés? Peut-on les sauver d'ailleurs?

    Vous l'écrivez bien : s'il nous reste du rêve et de la hargne, alors il faut s'en servir.
    Oui, quand on ressent ce qu'est la liberté, profondément, inspirés en cela par la vie sauvage, alors après on doit se battre.
    Contre la coupure du monde vivant
    pour apporter à l'homme la compréhension de la nature
    Contre la normalisation pour lui apprendre à bien vivre sa différence et sa singularité
    Contre le risque zéro pour qu'il sache prendre des risques et s'en sentir plus vivant
    Contre le suivisme, la paresse intellectuelle, le conservatisme imbéciles des perdants convaincus de leurs erreurs...

    Parce que même si, comme vous le dîtes, nous nous sentons impuissants à changer les choses, on ne peut pas se laisser aller au désespoir. A moins de devenir terroristes, en effet. C'est tentant.
    Avoir le sentiment d'impuissance ne signifie pas qu'on l'est forcément. Et puis au fond, que faire d'autre que nous battre?

    Alexis, ami de Fernand M

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  2. Merci de ce joli commentaire philosophique. Dans le film océan de Perrin, la voix off dit: il est trop tard pour être pessimiste, c'est une belle formule pour signifier aux humains que nous avons dépassé la limite. Il ne faut pas se leurrer, nous sommes impuissants pour un nombre infini de choses et la connerie humaine que nos civilisations ont laissé se développer, la barbarie humaine a aucunes autres pareilles va nous ramener à des choses terribles dés que les ressources que nous gaspillons à tour de bras vont commencer à disparaître, processus largement entamés d'ailleurs. Nous serons peu à lutter contre cette barbarie, et ce sera surement notre grande tache avant la fin. espérons que nous en serons digne.
    amitiés
    gilles

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