Partir en croisière


Les croisières sont au marin ce qu'un livre est à l'écrivain : ce qu'il peut faire partager de mien, de plus beau, de plus abouti, de son art, de son amour de la mer à ses congénères. Trouver des équipiers, n'est pas qu'une manière de gagner sa vie, je ne connais que très peu de marins riches, surtout ceux qui aiment plus que tout aller sur la mer. Le marin est à l'armateur ce que l'ouvrier est au patron : l'amour du travail du premier et sa fierté de la faire bien engraisse le second. Comme chez les artisans à terre, un marin propriétaire tente de faire cohabiter le difficile équilibre du respect du métier et de l'appât du gain. Trouver des équipiers, est partage : de la beauté du large, d'un côte sauvage, d'un rivage inconnu, de la science de naviguer, du risque, et des frais du bateau, c'est vrai.

De toutes les croisières l'ultime, la plus folle, la plus vrai, la plus extrême à la voile, la plus abouti : L'Antarctique, seigneur caché de ce monde, tremblez bipèdes prétentieux, conquérant d'un pouvoir inutile, son courroux un jour sera la fin de votre temps, de vos veines luttes de territoire, de vos dieux de pacotilles. L'équilibre de la vie, du monde, des pôles, est là tapit comme un capital de vie, dans les immensités des montagnes de glace de cette autre planète, l'antarctique. Un capital qui fond comme les bourses mal gérées de l'occident, un capital dont l'importance échappe encore aux hommes. Venez donc voir cet autre monde, si proche, si loin, et qui nous rend meilleur.